Saint-Nicolas rend les enfants heureux, mais fait surtout les affaires des géants du chocolat. Certaines marques doublent leurs tarifs en fin d’année.

Le Grand Patron des Écoliers est-il le nouveau business man du XXIe siècle ? Soyons honnête : avec sa mitre et sa longue robe rouge, Saint-Nicolas n’est qu’une victime collatérale. Mais toujours est-il que son image fait le bonheur des géants de l’industrie du chocolat. Dès qu’un produit est floqué à son image, le prix en magasin s’envole en flèche et la marge bénéficiaire s’accroit. C’est le cas chez Milka (+40%), Kinder (+20%) ou chez Speculoos (+50%). Nos confrères de RTL rapporte par exemple que les fameux œufs en chocolat contenant une surprise sont passés de 0,78€ à 0,98€ pièce uniquement grâce à l’effigie de Saint-Nicolas.

Selon Pierre-Alexandre Billiet, patron du magazine Gondola, cette situation n’est qu’une conséquence classique de la loi de l’offre et de la demande. Rien de neuf sous le soleil. « Les prix ne flambent pas. Il y a une augmentation des prix auprès du consommateur, mais c’est en toute logique ».

« C’est une question d’offre et de demande du marché. Il y a une forte demande pour des produits qui sont dans le thème du moment »

« Maintenant, il faut savoir que ces augmentations viennent compenser des prix relativement bas pendant l’année puisque la plupart des produits sont sujets à une guerre des prix qui existe aujourd’hui en grande distribution sur des produits de grande consommation » confiait-il à RTL.

Même son de cloche du côté de Pierre Marcolini, le chef pâtissier-chocolatier belge champion du monde en 1995. “Chaque année on me téléphone à cette période-ci pour me dire qu’il y a une augmentation du prix du chocolat, et comme par hasard c’est juste avant les fêtes de fin d’année.”

Des prix toujours plus haut ?

Cette hausse soudaine du prix du chocolat et des autres douceurs a tendance à exaspérer les consommateurs, déjà confrontés à un panier de la ménagère au coût élevé. Mais cette dynamique d’augmentation devrait se poursuivre dans le futur, la faute aux prix de la fève de cacao sur les marchés mondiaux et aux marges accaparées par les intermédiaires. « Les fèves de cacao aujourd’hui, si on regarde une ligne du temps sur 10 ans, le marché était entre 2500 et 2800 dollars la tonne. Ça ne va pas dans la poche du planteur. Il ne reçoit que 50% de la somme, vu l’ensemble des intermédiaires » détaille Marcolini.

« On sait aujourd’hui que pour pouvoir vivre de la culture de cacao, il faudrait payer au minimum 3500 dollars la tonne. Donc j’ai envie de vous dire que le prix n’est pas encore assez élevé dans une certaine mesure, ou en tout cas il n’est pas bien distribué, rétribué aux personnes qui travaillent par rapport à ce produit »

Du côté des pralines, cette hausse se fait particulièrement ressentir. Les pralines haut de gamme augmentent leurs tarifs annuellement, en moyenne de 1€ le kilo chez Leonidas et parfois de 2€ le kilo chez Neuhaus.

Pour rappel, la Belgique est un marché clef pour les industriels. Le Belge consomme environ 6kg de chocolat par an. Le chiffre d’affaire de l’industrie du chocolat en Belgique est de 5 milliards d’euros. Mieux, le secteur du chocolat, de la praline, de la biscuiterie et de la confiserie représente 10% du chiffre d’affaires de l’ensemble de l’industrie alimentaire belge. 332 entreprises belges travaillent dans le chocolat et la confiserie. Ce qui procure de l’emploi à près de 12.000 personnes.

Mais malgré l’amour du plat pays pour les douceurs en chocolat, plus aucune entreprise de chocolat ne flotte sous pavillon belge. Côte D’Or appartient majoritairement à des capitaux américains, Godiva est détenu par des fonds turcs, Callebaut est suisse, Galler est récemment devenu Qatari, Guylian est géré par des Sud-Coréens et Pierre Marcolini dépend de l’Angleterre.

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