En cette période de confinement, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, nous avons donné carte blanche à une habitante d’Arlon. Celle-ci nous raconte comment se déroule sa vie quotidienne et les pensées qui l’a traverse.

Ce matin, il fait beau. Je me lève. J’ai envie de prendre un café. Je n’en ai plus et je pense me rendre à la pompe à essence non loin de chez moi. Mais je me ravise. Ce n’est pas le moment de se déplacer pour une seule denrée. D’ailleurs, hier, j’ai occupé ma fille en lui faisant faire une liste de ce qui nous manquait à la maison. Une bonne manière de l’occuper et de la responsabiliser sur ce qui est indispensable à la maison. Car aujourd’hui, il n’est pas question de zoner dans les rayons à la recherche de ce qu’on va manger ce soir et d’acheter des produits inutiles. Le nombre de clients est limité et il ne faut pas trainer, de manière à ce que les autres n’attendent pas trop longtemps dehors.

Munie de ma liste, j’indique à ma fille que je m’en vais affronter les zombies mangeurs de papier toilette et de pâtes. Elle souhaite venir avec moi mais je lui explique qu’une personne par famille, c’est plus prudent.

Le calme règne

Il est 8h50. Sur le parking, c’est étrangement calme. Peut-être ai-je bien fait d’y aller tôt. Nous sommes trois personnes d’une quarantaine d’années à attendre devant les portes. Un responsable nous indique que nous devons attendre car avant 09h, la priorité est donnée aux personnes plus âgées. Une dame arrive. Nous lui expliquons qu’elle doit prendre un caddie car c’est obligatoire. « Même pour une boule de mozzarella ? » nous demande-t-elle interloquée. Le responsable lui explique que oui, c’est la nouvelle norme.

Quelques instants plus tard, une dame du troisième âge arrive. Mais impossible de lui donner un âge précis. Je n’ose donc pas lui dire qu’elle a le droit d’entrer si elle est âgée d’au moins 65 ans. Le monsieur qui attend devant moi, à une distance règlementaire bien entendu, lui explique la situation. Ce à quoi elle répond que « c’est vraiment n’importe quoi ». Cette réplique nous laisse dubitatifs.

Des individus compréhensifs

Finalement, nous avons l’autorisation de pénétrer dans le magasin. Le calme règne. Le peu de personne que nous sommes permet largement de respecter les distances de sécurité. Ce que tout le monde fait sans réfléchir. Je constate, malgré tout, que les rayons papier toilette et pâtes restent désespérément vides. Les employés portent tous des masques et des gants. Beaucoup de clients aussi.

J’arrive à la caisse et j’ai de la chance. C’est justement le moment où la caissière désinfecte son plan de travail (toutes les 30 minutes). Mais soudain, les portes d’entrée s’ouvrent et les gens s’engouffrent dans le magasin. Je demande à la caissière si c’est normal. Elle me répond que non. En une minute, le responsable arrive et rétablit la situation. Plus de peur que de mal. Les gens s’auto-disciplinent et personne ne râle (en tout cas de prime abord).

Sur le parking, des personnes parlent entre elles. Toujours à une distance de sécurité. Je peux entendre « oui c’est bien les mesures qui sont prises, c’est dans l’intérêt de tout le monde ». Au final, il règne une certaine sérénité et un climat de compréhension et de respect de la part de tous. Je rentre chez moi, ma fille me demande si il y avait beaucoup de zombie. Je lui ai répondu que non, il n’y avait que des gens souriants et sympathiques. Je peux enfin boire mon café.

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