Le Luxembourg était à l’origine moins bien placé sur la scène internationale que ses voisins en ce qui concerne les arts visuels. La Belgique et sa tradition de la bande dessinée, ou le cinéma produit en France étaient jusque-là des pôles importants pour la culture francophone. Mais depuis une dizaine d’années, le Luxembourg a su se faire une place grâce à un médium en plein développement : l’animation. Le pays est maintenant considéré comme une référence, avec de nombreux films récompensés et un essor de la production de jeux vidéo.

Luxembourg et films d’animation : un mariage en or ?

Le développement du secteur des films d’animation au Luxembourg s’est fait sur plusieurs années. Au départ confidentiel, le domaine a commencé à vraiment attirer l’attention des acteurs internationaux aux alentours de l’année 2015. C’est pendant cette période que s’est formalisée une fédération qui rassemble les entreprises de ce secteur : la Fédération des métiers de l’animation et de l’image virtuelle (ou FMAIV). Cette organisation vise à :

« défendre et promouvoir les intérêts et les qualités des artistes et techniciens qui travaillent dans les secteurs de l’animation, du jeu vidéo et des nouvelles technologies de l’image. »

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cela semble fonctionner. En 2019, ce ne sont pas moins de 6 studios (dont deux indépendants), et 90 artistes et techniciens qui se dédient à ces métiers au Luxembourg. Le groupement a permis au pays de continuer à asseoir son influence sur la scène internationale. Les films d’animation qui sortent de ces studios sont maintenant particulièrement suivis. Pour les entreprises locales, c’est également un vrai atout économique. À l’heure actuelle, on estime ainsi que 200 personnes sont employées dans ce secteur dans le pays. Et c’est sans compter les industries annexes, qui profitent également de ces productions.

De nombreux films reconnus

Pour les familiers du secteur de l’animation, le Luxembourg a produit ou coproduit de nombreux films d’ampleur. En 2014, Mr Hublot, un court-métrage d’animation, avait même décroché un Oscar. Et il n’est pas le seul à avoir été primé. Un an plus tôt, c’est le film Le Congrès qui avait été récompensé à Berlin. Quant à Ernest et Célestine, il avait réussi l’exploit de battre un film du géant de l’animation Miyazaki : Le vent se lève.

Plus récemment en 2018, les productions luxembourgeoises d’animation ont également fait carton plein. Au festival d’Annecy, c’est Funan qui a remporté la plus grande récompense (le Cristal du meilleur long-métrage). Quant à The Breadwinner, il a été salué pour sa musique et a reçu le prix du jury ainsi que celui du public. Le secteur de l’animation luxembourgeoise consolide donc sa place d’importance sur le plan mondial.


Un médium de plus en plus demandé

Au-delà des films d’animation, cette technologie est portée par d’autres domaines. La publicité et les objets connectés riment maintenant avec animation. Mais aussi bien sûr le domaine des jeux vidéo. En 2018, trois BTS avaient ainsi été ouverts au Lycée des Arts et Métiers. Ils permettent de former les nouvelles générations au développement des jeux vidéo. Ce domaine en plein essor repose sur le talent d’animateurs, qui développent des graphismes de plus en plus évolués. Des studios spécifiquement centrés autour des jeux vidéo ont également ouvert récemment au Luxembourg pour répondre à ce besoin. Par exemple, on y retrouve la startup Yaaargames, qui a produit le jeu Barababor. L’animation touche également des domaines comme les jeux de casino, qui ont besoin d’animations variées. C’est notamment le cas de la machine à sous inspirée du film Jurassic Park, qui propose des animations de molettes sur le thème des dinosaures. En parallèle, la modélisation 3D de salles de jeu se démocratise, comme c’est le cas dans le jeu Four Kings, ou même dans des jeux vidéos « classiques » comme GTA Online.

Image : Pxhere.com

Quel futur pour l’animation ?

L’ouverture d’un cinéma 4D à Luxembourg le confirme : les spectateurs sont avides de nouvelles expériences. Les technologies de pointe s’intégreront donc logiquement à ces changements, pour moderniser encore plus l’animation. C’est le cas par exemple de la réalité virtuelle, en plein développement en ce moment. Les casques portatifs ouvrent de nouvelles portes à ce domaine de compétence. Pour les animateurs, c’est un nouveau challenge : comment peut-on créer des animations qui soient modélisées en 3D et qui peuvent interagir avec les joueurs ?

Mais l’animation se mêle aussi à d’autres technologies qui n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. Et notamment l’intelligence artificielle. Les équipes de Disney utilisent déjà l’intelligence artificielle pour modéliser un storyboard animé à partir d’un scénario écrit. Et l’animation numérique est également utilisée pour aider à programmer de nouveaux transports comme les véhicules sans conducteur, qui devraient être de plus en plus utilisés dans les décennies à venir.

Pour l’industrie luxembourgeoise, c’est une bonne nouvelle : de nouveaux studios et de nouvelles compétences devraient faire leur apparition dans le paysage dans les années à venir. En attendant, les studios locaux devraient continuer à produire des films primés et consolider ainsi leur réputation.

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