Un artiste originaire de la province de Luxembourg transforme des objets recyclés en instruments de musique. Il en résulte des créations pour le moins atypiques.
Primus Homemade Instruments : derrière ce nom se cache le projet de Maxime Primus. Si son nom ne vous est probablement pas familier, vous avez déjà peut être entendu parler de ses créations pour le moins originales. Depuis maintenant plus d’un an, Maxime créé des instruments de musique à partir d’anciens objets, détournés de leur fonction initiale.
L’artiste construit essentiellement des instruments à cordes. Le résultat est surprenant, mais fonctionne puisqu’il est possible de jouer avec les instruments. “Mes créations sont atypiques car, même sans compter les matériaux de récupération, utilisés, la plupart sont originaux également dans le nombre de cordes et l’agencement de celles-ci” nous confie Maxime, qui relate ses aventures sur sa page Facebook.
Dans son processus créatif, le jeune homme de 28 ans ne se pose aucune limite. Tous les objets qui tombent sous sa main peuvent faire office d’instrument. “Pour exemple, j’ai utilisé une ancienne batte de baseball pour le manche d’un instrument, dont la caisse de résonance était une vieille boîte de boutons de couture” nous raconte-t-il avec le sourire.
A la recherche de nouvelles sonorités
La curiosité de Maxime le pousse à tester la résonance de tous les instruments possibles et imaginables : bois, métal, plastique, membrane souple, etc. “Il y a une part d’expérimentation sonore qui me donne envie de tester un matériau bien précis. Mais je peux flasher sur n’importe quel objet. Tout part de ce que j’ai trouvé et de ses caractéristiques, car c’est ce qui définira mes possibilités”.
Mais si l’artiste passe des heures à construire des instruments atypiques, ce n’est pas uniquement pour la beauté de l’objet. Maxime souhaite découvrir de nouvelles sonorités. Différentes de celles que l’on retrouve dans la musique mainstream. Le mélomane s’est donc rapidement écarté de la guitare traditionnelle. Avec ses créations faites maison, Maxime tente des expériences acoustiques dans le but de trouver des sonorités originales.
“J’écoute beaucoup de genres de musique différents et j’aime vraiment les sonorités orientales. Je voulais donc pouvoir comprendre ce qui apportait au Saz turc ou au Morin khuur mongol cette profondeur et cette harmonie que nous n’avons pas forcément en occident. Je pense aussi qu’on peut faire de la musique avec vraiment tout et pour pas grand chose. Et je ne comprends pas que ça ne puisse pas être accessible à plus de monde”
“Quand je vois le prix de certains instruments, je trouve ça complètement aberrant. Après tout, la musique n’est-elle pas le seul langage universel ?”
La variété des instruments présents chez Maxime décuple sa créativité. “Passer d’un instrument à un autre, je trouve que ça décuple l’inspiration. Par exemple, passer d’une guitare à un banjo puis à une mandoline. Un instrument qui bouleverse tous tes repères de jeu, ça créé forcément des choses nouvelles”.
Un travail de longue haleine
Cette passion débordante pour la musique, Maxime l’a depuis plus de 20 ans. C’est en écoutant la mythique chanson “Scatman” sur une vieille cassette de son père que le virus de la musique s’est emparé de lui. Mais ce n’est que quelques années plus tard, vers 16 ans, qu’il a commencé à tripoter des cordes “sans trop savoir ce que je faisais”. En effet, Maxime est un autodidacte. Il a principalement appris par lui-même et a toujours préféré jouer de nouveaux instruments plutôt que de se perfectionner dans un seul.
Pour aboutir à un instrument qui tient la route, mieux vaut ne pas être un manchot du bricolage. Même s’il n’est pas nécessaire d’être un génie du bricolage. La maitrise de Maxime lui est venue en s’exerçant plusieurs heures et plusieurs jours. Chaque instrument présente des contraintes acoustiques ou techniques, et il apprend des nouvelles choses à chaque création.
La plus grande difficulté réside dans la précision qui doit être portée à l’instrument. Chaque élément doit être calculé et millimétré. Au moindre faux pas, l’instrument ne sonnera pas juste. D’autant plus avec les objets qui ont déjà bien vécu et ne sont plus de première fraicheur. Ce petit travail d’orfèvrerie demande du temps. Beaucoup de temps.
Une exposition et un concert !
“Je n’ai compté qu’une seule fois le temps pris pour un instrument. C’était pour la Tea-Box, et j’ai mis environ 24 heures de travail. Il me faut un bon mois car je ne travaille dessus qu’après mon travail ou lors de mes congés” explique-t-il. “Mais c’est très variable. J’en ai récemment fait un pour ma copine pour lequel j’ai longuement sculpté le manche à la main, et alterné ponçage-huilage jusqu’à ce qu’il soit doux. Ça a dû mettre facilement le double du temps”.
Et force est de constater que le talent de Maxime ne passe pas inaperçu. Ses instruments ont été exposé l’année passée lors du DIY DAY à Bruxelles, et plus récemment au Star Waste, mettant en valeur des artistes utilisant les déchets.
Maxime a même pu donner vie à ses créations, en proposant un petit concert au cours duquel les visiteurs pouvaient s’amuser avec les instruments. Une expérience enrichissante pour l’artiste, qui aimerait bien mettre sur pied un vrai show.
“Pour le moment, je m’amuse. J’improvise. Je cherche des nouvelles façons de jouer. Mais pourquoi pas un vrai concert plus tard ?”
Le jeune homme entend en tout cas continuer dans cette voie. Tout du moins en tant que passionné.S’il a déjà réfléchi à en faire un véritable métier, le projet est encore dans les cartons. Il faut dire que Maxime vient de débuter un nouveau travail et que sa vie est déjà bien chargée. “Mais j’ai de nombreuses idées. Je n’ai pas le temps de les développer mais je sais que si je me retrouve sans emploi, je ne chômerais pas !” conclut-il avec humour.