Le Lux Film Festival, présidé cette année par le réalisateur iranien Asghar Farhadi, est de retour pour une 13e édition. Cet événement incontournable pour les cinéphiles, qui aura lieu entre le 02 et le 11 mars prochains, renouera avec 11 jours de festivités au centre-ville de Luxembourg. Cette année, un tiers des nominés de la Compétition Officielle sont des (co-)productions luxembourgeoises.

En dépassant – dans un contexte géopolitique et sanitaire particulièrement difficile – les 20.000 participants en 2022, dont plus de la moitié en salle, le Luxembourg City Film Festival poursuit son chemin en tête des références de l’agenda culturel chez nos voisins Grand-Ducaux. Il s’est, au même titre, profondément ancré dans le paysage des festivals européens.

Soutenu conjointement par le ministère de la Culture et la Ville de Luxembourg, le Luxembourg City Film Festival est le festival officiel du pays. Il propose ainsi chaque année un programme soigneusement élaboré, ainsi que de nombreuses exclusivités cinématographiques. Véritable panorama de la création contemporaine internationale via une sélection de fictions et documentaires, de séances spéciales, de productions nationales ainsi qu’un cycle jeune public, ce rendez-vous se déploie sur onze jours.

La Compétition Officielle

La treizième édition du festival peut se targuer d’offrir une sélection éclectique. Un total de neuf longs-métrages se disputeront le Grand Prix Orange, d’une valeur de 10 000 €. L’un des grandissimes favoris est The Quiet Girl – nominé pour le meilleur long métrage international à la 95e cérémonie des Oscars. Se déroulant en 1981, le film suit une fillette de neuf ans renfermée qui découvre pour la première fois un foyer aimant lorsqu’elle passe l’été dans une ferme avec des parents éloignés à Rinn Gaeltacht, dans le comté de Waterford.

La sélection officielle comprend également trois (co-)productions grand-ducales, dont le bijou d’animation Blind Willow, Sleeping Woman de Pierre Földes, inspiré par le roman d’Haruki Murakami. Le synopsis invite à l’évasion : une grenouille bavarde géante, un chat perdu et un tsunami aident un employé de banque, sa femme et un comptable schizophrène à sauver Tokyo d’un tremblement de terre et à trouver un sens à leur vie. Les Rois du Monde, de la réalisatrice colombienne Laura Mora Ortega, qui a remporté trois prix au Festival international du film de San Sebastián, méritera également le détour. Quant à Maret, de la Luxembourgeoise Laura Schroeder, il sera présenté en première mondiale au LFF cette année. Co-produit par Red Lion, le film sur la mémoire et la perte a été tourné à Lanzarote et en Allemagne.

Les autres films en compétition officielle comprennent entre autres 1976. Dans ce drame qui se déroule au Chili, Carmen se dirige vers sa maison de plage. Lorsque le curé de la famille lui demande de s’occuper d’un jeune homme qu’il héberge, Carmen s’aventure sur des territoires inexplorés, loin de la vie habituelle. Autobiography, lui, suit un jeune homme qui travaille comme femme de ménage dans un manoir vide. Lorsque son propriétaire revient pour entamer sa campagne électorale en tant que maire, le jeune homme se lie avec lui et le défend lorsque sa campagne est vandalisée.

World War III, un autre candidat au prestigieux Grand Prix, est un film comique politiquement incorrect. Après avoir été choisi pour jouer dans un film, un travailleur journalier doit secrètement héberger son amoureuse sur le plateau de tournage, sous peine de la perdre et de perdre tout ce que la célébrité du cinéma lui promet. I Have Electric Dreams, en langue espagnole, raconte l’histoire d’Eva, une jeune fille de 16 ans. Elle vit avec sa mère, sa sœur cadette et leur chat, mais souhaite emménager avec son père dont elle est séparée. Accrochée à lui, elle tente se trouver un équilibre entre la tendresse et la sensibilité de la vie d’adolescente.

Enfin, le film philippin Lenor Will Never Die pourrait bien repartir avec une récompense, tant les critiques internationales sont unanimes. Dans cette œuvre stupéfiante, la fiction et la réalité se confondent lorsque Leonor, une cinéaste à la retraite, tombe dans le coma après qu’une télévision se soit écrasée sur sa tête, l’obligeant à revivre l’un de ses scénarios inachevés. Le long-métrage a emporté le prix spécial du jury lors du Festival du film de Sundance en 2022.

Des documentaires poignants

La sélection documentaire vaudra, elle aussi, le détour. Riotsville, USA, de Sierra Pettengill, fait partie des sept films en compétition. Dans ce portait coup de poing, les spectateurs sont plongés dans Riotsville, une ville fictive construite par l’armée américaine pour entrainer les officiers de police. Utilisant des images d’archives, le film explore la militarisation de la police et offre un contre récit relatif aux soulèvements populaires de la fin des années 60.

Les autres nominés sont De Humani, de Corporis Fabrica, qui proposera un regard sur le système français des soins de santé ; Paradise abordera l’histoire d’un petit hameau de Sibérie qui doit se débrouiller seul pour lutter contre les incendies de forêt, sans l’aide de Moscou ; Rojek, dans lequel la cinéaste kurde Zaynê Akyol interviewe des djihadistes emprisonnés ; Silent House, qui raconte l’histoire de trois générations d’une famille iranienne ; We, Students!, qui met en avant la vie des étudiants en République centrafricaine ; et We Will Not Fade Away, où un homme de 73 ans prend sous son aile cinq adolescents pour leur apprendre l’alpinisme, alors qu’ils rêvent d’échapper au Donbass déchiré par la guerre.

Des événements annexes 

En plus de la compétition officielle qui met en avant les films les plus innovants et les plus créatifs du moment, une sélection hors compétition permet de découvrir des films qui n’ont pas été retenus pour la compétition, mais qui méritent tout de même d’être vus. Cette année, des dizaines de films seront projetés dans les salles obscures pour le plus grand plaisir des cinéphiles. La programmation est disponible ici. 

La sélection des films jeune public, l’un des piliers principaux de la programmation cinématographique du Festival, représente un atout de grande valeur car elle forme les futur.es cinéphiles. “L’objectif a toujours été de proposer au public jeune, au public familial ainsi qu’au public scolaire une expérience festivalière. C’est-à-dire d’offrir – au-delà de l’expérience cinématographique proprement dite – la plus-value (avant-premières, films inédits, introductions aux films, discussions, rencontres avec les réalisateurs…) d’une séance programmée lors d’un festival” expliquent les organisateurs.

Les œuvres choisies pour développer un dispositif d’éducation à l’image spécifique sont représentatives des cinématographies du monde et de la diversité des genres cinématographiques. Elles traitent toutes de thématiques actuelles permettant un approfondissement pédagogique.

Enfin, le festival propose également des rétrospectives, expositions, conférences et autres animations pour rendre hommage à des réalisateurs et des acteurs emblématiques du cinéma. Ces rétrospectives permettent de découvrir ou de redécouvrir des films qui ont marqué l’histoire du cinéma.

Des jurés de haut niveau 

Le jury international, chargé de départager les nominés, sera présidé par le réalisateur iranien et deux fois vainqueur aux Oscars, Asghar Farhadi (Une séparation, Le client). Il devrait également inclure l’actrice luxembourgeoise Marie Jung, le réalisateur israélien Nadav Lapid, l’acteur franco-canadien Niels Schneider et la productrice française Sylvie Pialat.

La sélection de documentaires sera jugée par un autre jury composé de cinq personnes, présidé par le PDG et directeur de l’Académie européenne du cinéma (Pays-Bas), Matthijs Wouter Knol. Le jury comprend également Jonas Holmberg du Festival de Gotheburg; le critique de cinéma allemand Giovanni Marchini; Sophie Mirouze du Festival La Rochelle Cinéma; et Charlotte Serrand, du Festival international du film de La Roche-sur-Yon.

Le Lux Film Festival, un événement majeur dans le monde du cinéma 

Pour rappel, outre les 265 séances réalisées dans les différents cinémas partenaires (Ciné Utopia, Kinepolis Kirchberg, Cinémathèque de la Ville de Luxembourg), le festival a accueilli 460 invités et professionnels internationaux en 2022 et n’hésite pas à s’aventurer hors-les-murs, grâce à des soirées thématiques et fêtes ainsi que toute une gamme d’ateliers gratuitsexpositions et concerts dans les différentes institutions culturelles de la capitale. En douze ans, le Luxembourg City Film Festival s’est attiré non seulement le soutien de ces institutions nationales, mais a également co-organisé des événements avec des partenaires internationaux, tels que les Nations Unies, de nombreuses représentations diplomatiques, la European Film Academy, la Banque Mondiale, ainsi que d’autres festivals.

Devenu compétitif dès l’édition 2012, il récompense le meilleur du cinéma international dans la catégorie fiction (10 000 €), documentaire (5 000 €) et jeune public (2 000 €). En 2022 un nouveau prix s’est ajouté, le 2030 Award, qui récompense une œuvre relevant de la Coopération.

En 2022 le magazine américain Moviemakers a retenu le Luxembourg City Film Festival dans sa sélection des 25 festivals les plus cool au monde.

Comme à l’accoutumée, le Festival sera accessible au grand public dans les différentes salles de la capitale (Kinepolis Kirchberg, Ciné Utopia, Cinémathèque). Les cinéphiles peuvent d’ores et déjà réserver leurs tickets sur le site officiel. Deux options sont possibles : soit l’achat d’un ticket film par film, au prix de 9,50€ par séance ; soit l’achat du PASS Festival à 50€ permettant de retirer 10 tickets (soit 5€ par film). Des tarifs réduits sont prévus pour les jeunes de moins de 18 ans, les étudiants sur présentation de leur carte et les personnes âgées de plus de 65 ans.

Gilles Guebels 

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