Dans le cadre de “En piste les artistes !”, le projet culturel de mise en avant d’artistes habitant la commune de Libramont, nous sommes partis à la rencontre de deux écrivains, Nelly Laurent et Damien Fraiture. Et en cette période de rentrée littéraire, ces deux artistes dévoilent leur monde au style bien distinct. 

Qui de plus habile que des bibliothécaires afin de présenter ces deux auteurs libramontois ? Nous suivons ainsi Emmanuelle Robinet et Pauline Carlier qui nous emmènent toutes deux à la rencontre de ces écrivains passionnés.

Au détour du Musée des Celtes, institution Libramontoise là aussi, nous apercevons Damien Fraiture. Employé dans ce musée en tant qu’assistant informaticien, ce papa d’une jeune fille a également une autre passion dans la vie : l’écriture. “Je suis effectivement écrivain depuis plus de six ans. J’ai déjà sorti quatre livres alors que deux autres sont en cours de relecture et que deux autres ouvrages sont en cours d’élaboration.”

Un clin d’œil à son professeur de français

Rien ne prédestinait Damien à l’écriture, nous avouant même ne pas être un élève modèle lors des cours de français pendant son cursus scolaire. “Au départ, mes études artistiques ne m’ont pas permis de trouver du travail. C’est ainsi que j’ai débuté mon parcours en informatique. Lors de ma formation, il m’est arrivé d’écrire des petites histoires afin de faire rire mes collègues. On peut dire que c’est ainsi que j’ai débuté l’écriture.”, nous explique Damien.
“J’étais nul en français et il arrivait souvent que je me fasse descendre par le professeur ! C’est aussi pour cette raison que le chapitre de mon premier livre est une adaptation d’une rédaction qui m’a valu de très mauvais points. Une façon de prouver qu’avec un travail jugé médiocre, on pouvait écrire quelque chose de correct”, ajoute l’écrivain.

Pour ses différents écrits, Damien adopte un style plutôt fantastique, étant un fan de Stephen King particulièrement, et même s’il se dit à l’aise vis à vis de tous les styles d’écriture. Il lui est également arrivé de transposer la vie libramontoise dans ses livres : “il est vrai que Libramont se prête assez bien au développement de mes histoires. Un de mes écrits se déroule d’ailleurs dans les bois entre Freux et Libramont. Il y a pas mal de choses à raconter, des sujets qui se prêtent bien à l’écriture et qui sont encore dans mes cartons !” détaille notre auteur.

Un carnet à portée de main pour ses idées

Comme l’explique Damien Fraiture, les idées sont nombreuses et son imagination peut paraître sans limite lorsqu’il commence à écrire. Parfois, c’est même devant le poste de télévision qu’un thème jaillit dans l’esprit de l’auteur : “ça part parfois de n’importe quoi !” nous avoue Damien avec humour. “Je suis entrain de regarder un programme à la tv et je me dis que cela peut-être un thème à développer. J’ai donc un carnet toujours avec moi et je note l’idée.” Le fantastique me plaît particulièrement car on peut développer tout un monde en partant du principe que tout peut exister.”

Et quand on demande à Damien ce que lui apporte l’écriture : “je suis tellement bien quand j’écris. Je m’évade de mon quotidien. De plus, étant donné que je personnifie beaucoup mes personnages, je transpose le négatif dans mes écrits et je me sers de cela afin que ça soit une sorte d’exécutoire pour passer mes humeurs.” 

Si Libramont est une terre d’écrivains, nous avons voulu organiser une rencontre entre Damien et une autre auteure à savoir Nelly Laurent. “La rencontre entre deux écrivains est tout-à-fait spéciale car on n’a rarement la même approche, la même manière d’écrire et le même style. On apprend à connaître la personne, c’est vraiment un moment de partage.” 
C’est sur ces mots que nous partons à la rencontre de Nelly Laurent, auteure de récits de vie, à quelques encablures du Musée des Celtes.

Rencontre de deux sensibilités différentes

C’est face à un tout autre style d’écriture que nous emmènent les deux bibliothécaires. En plein cœur du centre-ville de Libramont, Nelly Laurent ouvre les portes de sa maison, endroit où naissent ses nombreux récits de vie.

Alors que Nelly a une formation d’enseignante, elle décide de consacrer sa vie professionnelle à un tout autre milieu. C’est ainsi qu’elle épaulera son mari, médecin généraliste, pendant près de quarante ans. Une médecine bien différente que celle que l’on connait actuellement, qui demandait une présence permanente à côté d’une ligne de téléphone fixe. Des années également où elle élèvera ses trois enfants en profitant du jardin où elle peut s’évader.

“J’avais presque cinquante ans quand je me suis donné la permission d’écrire car il y a toute une démarche.”, nous explique Nelly. Je pense qu’en moi il y avait ce rêve là mais j’ai attendu que le travail médical de mon mari soit facilité, notamment par l’arrivée des GSM, afin de réaliser mon rêve.” 

Des récits de sa vie

Nelly nous propose un tout autre style d’écriture comparé à celui de Damien, rencontré auparavant. L’auteure est passée maître dans l’écriture de récits de vie où elle se passionne à raconter des fragments de vie, de sa vie notamment. “Jai toujours sous la main ma famille. J’écris souvent pour la famille, pour transmettre le témoin et pour les encourager les uns et les autres à être plus vivant sur le chemin où chacun est unique.” 

Alors que Damien s’évade grâce à l’écriture, la rencontre avec Nelly nous apprend que c’est tout autre chose qui anime sa passion : “mon rêve d’écriture c’est celui du partage et sûrement pas celui de m’évader.” nous glisse-t-elle. Je ne désire pas réaliser un travail de fiction ni d’historienne. Mon objectif principal est la transmission. Mais j’écris d’abord pour moi car mettre des mots sur ce que je ressens, ce que j’écris à partir de mes sensations, c’est cela qui me conduit.” ajoute-t-elle.

L’écrivaine nous livre des récits ou sont présents notamment tous les éléments qui ont entouré ou entourent encore sa vie ainsi que les personnes importantes au sein de celle-ci, comme son papa évoqué des ses écrits. “Il m’arrive que les lecteurs me parlent de mon père alors qu’ils ne le connaissent qu’à travers mes livres. Mon père est mort quand je n’avais que six ans, je suis tellement heureuse quand on me parle de lui. Ecrire est un risque car on ne sait pas comment les lecteurs vont recréer le livre à leur manière mais ça vaut le coup car leurs retours, … c’est extraordinaire !”, explique Nelly.

Du boitier au stylo 

Si Nelly se consacre beaucoup à l’écriture, une autre passion l’animait auparavant, celle de la photo. “la définition de la photo c’est d’écrire avec la lumière, j’avais besoin de passer par là et de comprendre qu’il y avait aussi une autre manière d’écrire. Mais le bonheur d’écrire au stylo sur une page blanche est toujours bien présent.” 

Et pour terminer cette belle rencontre, Nelly tient à nous livrer un texte à propos des artistes et de ce qu’ils font dans leur domaine, un texte de François Cheng, écrivain : “Il faut sauver les beautés offertes et nous serons sauvées par elles. Pour cela, il nous faut, à l’instar des artistes, nous mettre dans une posture d’accueil (…). Ménager constamment en nous un espace vide fait d’attente attentive, une ouverture faite d’empathie d’où nous serons en état de ne plus négliger, de ne plus gaspiller, mais de repérer ce qui advient d’inattendu et d’inespéré.”

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