Le 13 mars à midi pile, la Belgique entière change de visage ! Les mesures du confinement sont d’application et le quotidien de tous les belges est bousculé. Toutes les activités sont à l’arrêt et les mesures impactent tous les secteurs notamment celui de l’horeca. Près de deux mois après cette annonce, nous avons voulu prendre la température (sans mauvais jeu de mots) dans un établissement bien connu du chef-lieu luxembourgeois : la brasserie Twins. Rencontre avec Mathéus Filipucci, co-gérant de cette brasserie sise sur la Place Léopold.  

Celui qui fréquente Arlon et ses différents établissements horeca connait forcément la Brasserie Twins installée le long de la Place Léopold !

Reprise par deux frères jumeaux (d’où le nom du lieu) Mathéus et Raphaël, l’histoire de la Brasserie Twins commence le 29 mai 2014. Peu de temps après, la famille Filipucci fait l’acquisition du bâtiment, véritablement passionnée par les métiers de la restauration.

Nous sommes donc allés à la rencontre, virtuellement, de Mathéus, co-gérant de l’établissement et lui avons posé quelques questions sur la crise que nous connaissons tous, ses impacts mais aussi son ressenti personnel face à la situation pour le moins compliquée.

– Mathéus Filipucci, le 17 mars au soir, lors d’une conférence de presse exceptionnelle, la Première Ministre annonce les mesures concrètes de confinement. Au cœur de ces mesures, le secteur horeca. Comment avez-vous réagi en entendant celles-ci ? 

Le premier sentiment était la surprise. Personne n’imaginait l’ampleur de ce qu’il se passait. La “simple” grippe dont parlaient tous les gouvernements européens se transforma en monstre. Ça nous a frappé de plein fouet, comme un éclair et ça n’a laissé d’autres choix que de nous soumettre à ces dispositions.

Ensuite, la surprise a rapidement laissé place à l’inquiétude. En effet, toutes sortes de questions se posaient. Que va-t-on recevoir comme aide ? Que va-t-il advenir de notre personnel ? Que faire des stocks périssables ? Combien de temps cela va-t-il durer ? Pourrons-nous organiser les différents événements pour lesquels nous avons tant travaillé ? Ect. Certaines de ces interrogations restent encore, à l’heure actuelle, sans réponse.

Il s’en est suivi une période anxiogène pour tout le monde (pas seulement en tant que professionnel mais en tant que citoyen) durant laquelle des informations morbides devenaient quotidiennes. Il a fallu digérer et s’accommoder.

– Vous parliez du stock. Justement, avez-vous rencontré des problèmes de ce côté, des surplus de marchandises invendus à cause de la suspension de votre activité ?

Nous avons effectivement déploré des pertes dans notre stock. En premier lieu les denrées alimentaires qui n’étaient plus consommables après quelques jours. Nous avons essayé de distribuer un maximum aux personnes qui en avaient besoin (à l’abri de nuit d’Arlon notamment) et à ceux qui le désiraient.
Maintenant c’est au tour de certaines boissons qui devront bientôt être écartées.

– Quel est le quotidien d’un propriétaire d’établissement horeca en période de confinement ?

Il n’est pas plus différent qu’une autre personne. On fait ce qu’on a jamais pris le temps de faire. Mais après deux semaines, je dois avouer qu’on a vite fait le tour. Et quand on a l’habitude de vivre non-stop à 100 à l’heure, c’est compliqué de vivre au ralenti.

– Certains établissements proposent des solutions afin de, malgré tout, maintenir une infime partie de leur activité. Est-ce le cas dans votre brasserie ?

Voyant la longévité de la période de fermeture, nous avons décidé d’instaurer un service à emporter et un service traiteur. L’idée n’est pas originale vu que c’est la seule et unique !

Pour le service à emporter, nous proposons nos différents burgers présents habituellement sur notre carte.

Nous avons également mis en place un service traiteur chaque weekend. En ce qui concerne celui-ci, les clients peuvent nous envoyer un mail avec les plats souhaités et viennent les enlever le samedi matin.

Mais soyons transparents, ce service ne remplace en rien notre activité normale. Cela nous permet de nous occuper et de maintenir un contact minime avec notre clientèle.

– En termes de chiffre d’affaire, pouvez-vous nous donner une estimation (vague) de la perte engendrée par la crise ?

Au delà de cette crise, c’est notre secteur qui est abandonné depuis bien longtemps. La période est noire actuellement mais cela dure depuis plusieurs années ! Pour les chiffres actuels, je tairai les détails. Nous ne pourrons de toute façon faire les calculs qu’à la fin des mesures de confinement et où on pourra retrouver un semblant d’activité “normale”. Ce que je peux déjà avancer c’est que ces pertes sont immenses !

“C’est le travail de trois  dernières années qui est probablement réduit en cendres !”

– Vous sentez-vous soutenus par nos dirigeants ?

Absolument pas ! Et je n’ai pas peur de le dire, quelle honte ! Je n’ai aucune confiance en ce gouvernement. Cette crise est la preuve de l’incompétence de notre système politique et/ou des personnes qui le constituent. Même si ce n’est pas le lieu ni le moment pour un débat politique, il y a quand même quelques points qui me frappent.

Parlons d’abord du manque de moyens flagrants, et ce, dans tous les domaines (santé, scolaire, vie économique,…) malgré le niveau d’imposition que l’on subit. On arrive malheureusement à se demander où passent nos impôts. 

Ensuite, la différence entre les régions d’un soit soi-disant pays uni. Et enfin, cette manière de se réfugier derrière les pouvoirs locaux qui est utilisée comme bouclier contre le mécontentement populaire. Ce système doit être fondamentalement revu et corrigé. Pour moi, même le meilleur des politiciens ne réussira à rien dans de telles conditions de travail.

– On voit que certains grands chefs Belges se sont unis afin de réclamer plus de soutien, notamment financier, à nos dirigeants. Quelle est votre position ? Comment pourraient-ils concrètement aider votre secteur ?

Je les soutiens bien-sûr. Toutes les mesures demandées permettront au secteur de respirer, car nous sommes à bout de souffle. L’une d’entre elles me paraît particulièrement sensée. Celle d’instaurer un état de catastrophe naturelle sanitaire. Si un virus n’est pas une catastrophe naturelle, je ne sais pas ce qui pourrait l’être.

Nous payons des fortunes en primes les compagnies d’assurances et aucune perte liée au Covid19, qu’elles soient au niveau financier ou au niveau de nos marchandises, n’est prise en compte par les assurances. Je trouve ça vraiment scandaleux.

– Malgré tout ça, comment voyez-vous la reprise ?

Je la vois difficile, très difficile ! Surtout avec les conditions que l’on peut voir apparaître dans quelques articles (rien n’est confirmé, l’information est donc à prendre avec des pincettes) qui sont simplement impossibles à respecter. Si de telles consignes se révèlent exactes, il vaudra mieux rester fermé …
Mais j’aimerais dire à nos clients, à nos fidèles qu’ils nous manquent ! On espère les revoir vite dans des conditions favorables.

“Vivement que la bonne humeur et la joie puissent à nouveau être exprimés sans retenue !”

Et d’un point de vue personnel, c’est ce que nous souhaitons aussi …

Pour les soutenir et passer commande : 

Pour les burgers habituels, il suffit de téléphoner le jour même pour commander et venir chercher la commande à la brasserie. Voici le numéro de téléphone : 063/40.57.17
(les jours d’ouverture sont le jeudi, vendredi et samedi de 18h à 21h)

Pour le service traiteur, il suffit d’envoyer un mail avec les plats souhaités à cette adresse : brasserietwins.traiteur@gmail.com.
L’enlèvement de ceux-ci est prévu le samedi matin de 10h à 13h.

Vous trouverez toutes les informations utiles ainsi que les menus disponibles sur la page Facebook : Brasserie Twins

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