La Fédération des Jeunes Agricultures est en colère et dénonce une situation intenable pour les agriculteurs belges. Ils ont notamment déployé plusieurs banderoles à travers le pays pour sensibiliser les citoyens.

 « Devinez qui se sucre le plus ? » ; « Devinez qui est la vache à lait ? » ; « Devinez qui nous raconte de belles salades ? » : tels sont les slogans déployés par la Fédération des Jeunes Agriculteurs un peu partout dans le pays grâce à 125 banderoles. L’objectif est de sensibiliser les consommateurs sur la situation critique vécue actuellement par les agriculteurs.

Actuellement, moins de 6% des agriculteurs ont moins de 35 ans. Un chiffre alarmant, qui traduit la difficulté du secteur à renouveler sa main-d’œuvre. La situation économique n’arrange rien à l’affaire, et les coûts de productions (aliments pour les animaux, machines agricoles, mises aux normes, semences, frais vétérinaires etc…) sont plus élevés que ce qui est payé finalement aux producteurs. Que ce ce soit pour la viande, le lait, les céréales ou encore les pommes de terre.

Au sein de la chaîne agroalimentaire, la répartition des marges semble inéquitable et à tout le moins opaque. Le premier et le dernier maillon de la chaîne en sont les principales victimes. Parce que quelques chiffres sont souvent plus parlants que de longs discours, un exemple. A titre d’exemple, le coût de production du bœuf est de 5,50 €/Kg. L’agriculteur en reçoit 4,75 €/Kg et le consommateur le paye en moyenne 17 €/kg. La principale revendication de la FJA est donc de dénoncer les différences de prix. Ils souhaitent tout simplement un équilibre de rémunération.

Des prix à la baisse

“En viande bovine, nous assistons depuis 5 ans à un phénomène doublement pénalisant. Un prix d’achat qui ne cesse d’augmenter pour le consommateur, et une rémunération sans cesse à la baisse pour l’éleveur alors que ses coûts de production augmentent” explique la FJA.

“Pour les produits agricoles les plus volatiles sur le marché comme la pomme de terre ou le blé, lorsque le prix payé au producteur est à la hausse, le prix des produits dérivés (notre cornet de frites national ou notre pain par exemple) part à la hausse. Par contre, si l’année suivante le prix payé au producteur est à la baisse, le prix des produits dérivés, lui, ne baisse pas”.

En 1990, le prix du blé payé au producteur tournait autour des 0,18€/kg. Aujourd’hui, il est de l’ordre de 0,15€/kg.

“Comme on le voit, la répartition de la marge est en grande partie monopolisée par les  intermédiaires qui se trouvent entre le producteur et le consommateur. Bien entendu, ils fournissent un service qui engendre des coûts, mais le manque de transparence est criant” continue la FJA.

 

Des revenus indécents

Une situation intenable pour Thomas Gobert, membre de la FJA. « À l’époque de nos grands parents, le lait était payé 35 centimes du litre. Maintenant il est payé 32. La viande aussi était mieux rémunérée ainsi que tout le reste alors que les coûts d’exploitation ont triplé si pas quadruplé. On peut dire que s’il n’y avait pas les aides de l’état pour compléter les factures, on serait en faillite. »

Les jeunes agriculteurs du pays estiment cependant que des solutions concrètes existent. Aller à la rencontre des producteurs locaux pour se renseigner sur les points de vente directs ; acheter le lait via une coopérative laitière qui rémunère mieux le producteur ; ne pas hésiter à se renseigner sur l’origine des produits (même au restaurant) ou encore acheter local.

Pour sensibiliser le grand public, la FJA a lancé un site Internet au nom sans équivoque : Les dindons de la farce. Il permet à tout un chacun de mieux s’informer sur la situation réelle que vive les agriculteurs. La plateforme vise à mettre en évidence les situations qui posent question à l’échelle de la chaîne agro-alimentaire. Pour la fédération, certaines pratiques de certains maillons lèsent en effet les deux extrémités de la chaîne : les agriculteurs et les consommateurs.

“La société dans sa globalité doit s’inquiéter de cet état de fait, car si aujourd’hui c’est l’agriculture qui s’inquiète pour son avenir, il ne faut pas oublier qu’il n’y a tout simplement pas d’avenir sans agriculture”

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