Olivier Dessy, un photographe de 44 ans domicilié à Halanzy (Aubange), s’est lancé pour défi de descendre le Rhin en kayak en un mois afin de montrer les effets du changement climatique. Durant son aventure, le sportif sera accompagné d’une amie un peu particulière : sa poule !

Photographe professionnel, Oliver Dessy, un quadragénaire belge père de trois enfants, envisage printemps 2020 un défi hors du commun : descendre le Rhin en kayak depuis le canton des Grisons à Coire en Suisse jusqu’à la mer du Nord à Rotterdam aux Pays-Bas. S’il s’agit d’un défi sportif en autonomie, pas question pour lui de l’envisager tout à fait en solitaire. Loreleï, sa poule – du nom du rocher et de la nymphe de la mythologie germanique – s’entraîne avec lui depuis déjà plusieurs mois.

Tous deux sont passionnés de nature. Si Loreleï a une vision plutôt terre-à-terre, Olivier entend profiter de son expérience sportive pour délivrer un témoignage humain de plus grande ampleur. Son œil aiguisé de photographe se fera témoin de la beauté d’un environnement tantôt préservé, tantôt aux prises avec une civilisation turbulente, troublante, voire turpide. Son objectif avéré est de dresser le bilan, sinon des évolutions écologiques pour lesquelles il n’aura que la légitimité de l’instant sans point de comparaison, à tout le moins des effets qu’il lui sera donné de rencontrer sur ce que la civilisation peut avoir de dévastateur quand elle est mal gérée.

Une aventure de 1300 km

Une folle aventure qu’il espère largement suivie, relayée, couverte. Elle n’est pas encore commencée qu’elle est déjà quantifiable : 6 pays, 1300 km, 30 jours – et peut-être autant d’œufs frais, des sponsors généreux, des followers et des fans. Au menu, quelques kilos de graines pour Loreleï, des sachets lyophilisés pour Olivier, de l’eau filtrée à volonté. À ras d’eau avec une poule pour s’élever en porte-voix des berges d’un fleuve mythique et romantique et s’envoler à tire d’ailes, vers un monde plus respectueux de la nature.

L’idée de cette aventure, Olivier l’a puisée dans son enfance. “Enfant, j’ai été marqué par l’aventure entreprise par mon père qui a, à deux reprises, rallié Saint-Jacques de Compostelle à vélo” nous confie-t-il. “Il est revenu grandi de cet expérience, à la fois solitaire et profondément humaine. Je me rappelle l’effervescence lorsque nous avions de ses nouvelles et que nous suivions sa progression « à distance » sur la carte épinglée au mur. A cette époque, il n’y avait pas de GPS et les réseaux GSM étaient limités à de brèves communications vocales”.

Pourtant, l’Aubangeois est loin d’être un expert du Kayak. “Je le pratique depuis un peu plus de deux ans, mais pas intensivement. J’aime me rendre en famille au Lac de la Haute-Sûre, au Luxembourg. C’est mon petit coin de paradis ! Au fil du temps, je me suis équipé. Mon embarcation est gonflable, en gros caoutchouc, et facilement transportable dans de gros sacs montés sur roues, ce qui est appréciable pour un matériel de 50 kg. Et j’ai toute la panoplie des vêtements similaires à ceux des marins, hydrofuges et respirants, avec des sous-vêtements en mérinos (de la laine naturellement antibactérienne)”.

La sécurité avant tout, même pour sa poule

Côté sécurité, Olivier a déjà pensé au moindre détail. “En espérant ne pas avoir à l’utiliser, j’ai, avec la carte de fidélité du Vieux Campeur, l’assurance Europassistance” nous explique l’aventurier. “Surtout, je possède une radio VHF avec canal de détresse aussi utilisable en mer, qui me permettra de communiquer avec les autorités fluviales et les péniches avoisinantes. Ce n’est pas un équipement obligatoire, bien sûr, mais cela est rassurant tout de même”.

Loreleï devrait, elle aussi, se sentir comme à la maison. “Nous l’avons adoptée depuis six mois. C’est une race allemande et, pour qu’elle s’habitue à moi plus facilement, nous l’avons mise en couveuse chez nous. Depuis qu’elle est née, c’est parmi nos poules une privilégiée, et elle me le rend bien. Si elle peut picorer en été sur la terrasse quand nous y mangeons en famille, c’est aussi la seule qui vient quand on l’appelle. Elle ne s’éloigne jamais longtemps, mais je l’ai quand même habituée à porter un fl à la pâte par sécurité. Sur le kayak, sa cage est ouverte en permanence, mais elle peut s’y réfugier à sa convenance”.

En autonomie complète

Loreleï accompagne Olivier à chaque entrainement. Que ce soit pour quelques heures ou pour une plus longue distance, elle est toujours de la partie. Elle apprécie le kayak autant que son propriétaire et fait preuve d’un incroyable équilibre ! Elle a même déjà testé un plongeon et nage très bien pour rejoindre le kayak. “J’essaie de m’entraîner une fois par mois. Sans doute le ferai-je un peu plus à mesure que le moment du départ se profilera”.

Pendant ce périple, la vie sur le kayak ne sera pas simple. “Nous dormirons sous tente, en camping ou le plus souvent près de notre embarcation en bivouac. Nous y mènerons une vie assez rudimentaire, avec des graines pour Loreleï, des sachets lyophilisés pour moi” détaille Olivier. “Nous serons en autonomie, c’est à dire que nous emportons tout ce qui est nécessaire pour rejoindre le bout de l’aventure et que nous n’aurons pas besoin de ravitaillement ou d’accompagnement. Et Loreleï trouvera toujours à picorer lors de nos pauses à terre !”.

“J’emporte un panneau solaire pour recharger plusieurs batteries durant les jours de soleil mais après quelques tests et par sécurité, j’emporterai aussi un modèle miniature de turbine à eau qui pourra produire de l’électricité, immergée pendant la nuit avec la force du courant de l’eau. Tout cela me permettra de recharger la radio, le matériel photo, le téléphone, … qui sera le plus possible à l’abri dans des sacs étanches”.

Ouvrir les yeux sur la nature

Olivier va porter un regard particulier sur les paysages qu’il va rencontrer. “La préservation de la nature est un sujet qui me préoccupe beaucoup, et rien qu’en me documentant
sur le parcours, je comprends que la traversée ne sera pas idyllique. Je traverserai des zones industrielles, et d’autres où prolifèrent les algues bleues, qui rendent l’eau toxique pour le voyageur que je suis. C’est un des effets les plus visibles du changement climatique puisque ces algues profitent d’une eau de plus en plus chaude. Je redoute aussi l’approche des Pays-Bas et leurs infrastructures titanesques pour contrer les grandes marées et les inondations”.

Et Olivier de conclure : “Mais mon périple me permettra aussi d’approcher – et je m’en réjouis – le vieux lit du Rhin, qui a été réaménagé dans le respect de la nature, avec par exemple des dispositifs permettant aux saumons de remonter les cours d’eau. Le kayak est un mode de transport lent, qui me laisse le temps d’admirer les paysages et de photographier les endroits qui m’inspirent, en fonction de mon regard d’artiste mais aussi du témoignage que je voudrai faire passer, avec à la clé peut-être un récit illustré et un flm. J’ai déjà tellement hâte de partir !”.

Pour suivre ses aventures, Olivier partage les coulisses sur sa page Facebook et sa page Instagram. Vous pouvez également le soutenir via une cagnotte en ligne.

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