Le couple d’agriculteurs à l’origine de la mort de 520 animaux comparaissait mardi matin devant le tribunal correctionnel de Neufchâteau. Ils n’ont pas pris la peine de se déplacer.

Rappelez-vous : c’est un véritable carnage qu’avait découvert les agents de UBEAW (Unité du bien-être animal) dans une ferme d’Isle-le-Pré, près de Bastogne, le 13 décembre 2016. Des cadavres en état de décomposition jonchaient l’exploitation agricole et plusieurs vaches, boeufs, veaux et taureaux étaient détenus dans des conditions sanitaires nauséabondes. Lors de leur inspection, les agents avaient notamment découvert que les abreuvoirs étaient remplis d’urine et d’excréments, et que certaines bêtes n’avaient pas accès ni à lumière ni à l’eau.

Comme le rapporte RTL, l’enquête a laissé apparaître que 520 bovins étaient décédés dans l’exploitation en l’espace de 5 ans. Soit un 1/3 du cheptel. Des morts causées essentiellement par des conditions d’hygiène inacceptables mais aussi par les pratiques vétérinaires illégales du couple de propriétaires. Ceux-ci pratiquait par exemple des césariennes sans l’aide d’un professionnel, et coupait les cornes de ses bêtes sans anesthésie. A l’époque, la DH avait décrit que les faits étaient si horribles “que les vaches et veaux croupissaient dans une fange liquide composée d’urine et de bouse, le poil n’étant plus qu’un agglomérat compact de déjections collées en une couche épaisse avec des zones de peau visibles faisant apparaitre une importante parasitose due à la gale rongeant littéralement l’épiderme”.

L’agriculteur pratiquait en outre lui-même des césariennes ou coupait les cornes de ses bêtes à la disqueuse sans anesthésie. Ceci, en plus de maltraitance animale, étant considéré comme une pratique illégale de la médecin vétérinaire. Le dossier est si sordide qu’il a été surnommé “Ferme de l’horreur” par l’association Animaux en Péril. L’asbl avait d’ailleurs été sollicitée pour recueillir 8 bovins lors d’une saisie. Une descende sous forme d’avertissement pour pousser l’agriculteur à reprendre les choses en main.

Un an de prison ferme ?

Étant donné la gravité des faits, le parquet avait bien évidemment initié des poursuite envers les agriculteurs. Et deux ans après la découverte macabre, le dossier était à l’ordre du jour ce martin matin au tribunal correctionnel de Neufchâteau. Une audience à laquelle le couple de prévenus n’a pas jugé bon de participer. Aucun avocat n’était là pour les représenter. Au grand désarroi d’Animaux en péril, de l’Union professionnelle des vétérinaire et de l’Ordre des médecins vétérinaires, tous trois parties civiles, qui auraient souhaité voir le couple affronter les quinzaine d’infractions dont ils sont occupés.

A l’audience, le président de l’association est revenu sur les détails techniques de l’affaire. “On a des animaux qui étaient infectés de parasites, qui étaient cachectiques, c’est-à-dire dont la maigreur était liée à la perte de graisse et également à la perte de muscles”, a déploré Jean-Marc Montegnies, selon des propos rapportés par nos confrères de RTL Belgique.

“C’est l’une des affaires les plus sordides que j’ai eu à connaître en 25 ans. Aussi bien les conditions de détention que des conditions de soins étaient tout à fait désastreuse”

L’avocate de l’association, Chloé Fobe, raconte quant à elle que “c’était des animaux qui n’étaient pas nourris, qui n’étaient pas soignés quand ils avaient un problème, des animaux qui étaient dans des loges dans un état inexplicable. C’était en fait des crottins avec quelques brins de paille”. Un constat que partage l’ordre des vétérinaires, représenté par Maitre Kerkhofs. “Depuis trente ans que je plaide pour les vétérinaires, et où je me constitue partie civile en leur nom, je n’ai jamais rien vu d’aussi horrible que ça. La ferme de l’horreur quoi, c’était ça”, confie Philippe Kerkhofs, avocat de l’ordre des vétérinaires”.

Du côté du parquet, le substitut parle d’images de la descente « donnant quasi la nausée », et un avocat estime qu’il s’agit purement et simplement de “monstres”.  Un an de prison est requis contre l’agriculteur et 8 mois envers son épouse. Le ministère public réclame aussi une décision d’interdiction de détenir des animaux la plus longue possible. Le jugement aura lieu le 15 janvier.

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